Question 3 Que sait-on des conséquences climatiques, environnementales et socio-économiques régionales et mondiales au cours des 25, 50 et 100 prochaines années, en conjonction avec une fourchette d’émissions de gaz à effet de serre prévue par des scénarios utilisés dans le TRE (prévisions sans mesures d’intervention climatiques)? Dans la mesure du possible, évaluer:
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Tous les scénarios d’émissions du GIEC prévoient une augmentation des concentrations de dioxyde de carbone, et une é lévation de la température moyenne mondiale à la surface, et du niveau de la mer au cours du XXIe siècle.2 |
Q3.2 | ||||
Dans le cas des six scénarios d’illustration du RSSE, la concentration prévue de CO2, le principal gaz à effet de serre anthropique, pour 2100 se situe entre 540 et 970 ppm, alors qu’elle était de 280 ppm environ pour la période préindustrielle et 368 ppm environ en l’an 2000. Diverses hypothèses socio-économiques (démographiques, sociales, économiques et technologiques) sont à l’origine des différents niveaux des futurs gazà effet de serre et aérosols. Pour chaque scénario, d’autres incertitudes, notamment à propos de la poursuite des processus d’absorption actuels (puits de carbone) et de l’ampleur de la rétroaction climatique sur la biosphère terrestre, causent une variation de –10 à +30 % pour la concentration en 2100. On obtient donc une fourchette totale entre 490 et 1 260 ppm (75 à 350 % supérieure à la concentration pour 1750 (époque préindustrielle). Selon les prévisions, d’ici 2100, les concentrations des principaux gaz à effet de serre sans CO2 devraient varier considérablement pour les six scénarios du RSSE (voir Figure RID–3). |
Q3.3-5 | ||||
Les projections utilisant les scénarios d’émissions du RSSE dans divers modèles climatiques mettent en évidence une augmentation de la température moyenne mondiale à la surface de 1,4 à 5,8 °C entre 1990 et 2100. Cette valeur est environ deux à dix fois plus grande que la valeur type du réchauffement observé au cours du XXe siècle, et le rythme du réchauffement prévu sera très probablement sans précédent, au moins au cours des dix derniers millénaires, si l’on se réfère aux données paléoclimatiques. Les augmentations de température devraient être supérieures à celles prévues dans le Deuxième rapport d’évaluation (DRE) qui étaient de l’ordre de 1,0 à 3,5°C, calculé à partir de six scénarios IS92. Ces températures plus élevées et la fourchette plus large s’expliquent principalement par le fait que les scénarios du RSSE prévoient des émissions de dioxyde de soufre (SO2) plus faibles que celles prévues dans les scénarios IS92. Pour les périodes 1990 à 2025 et 1990 à 2050, les augmentations prévues sont de 0,4 à 1,1°C et 0,8 à 2,6°C respectivement. D’ici 2100, la fourchette des réponses de températures à la surface pour différents modèles climatiques pour le même scénario d’émissions est comparable à la fourchette pour différents scénarios d’émissions du RSSE pour un mo-dèle climatique unique. Comme indiqué à la Figure RID–3, les scénarios du RSSE contenant les émissions les plus é levées produisent les plus importantes augmentations de températures. Pratiquement toutes les zones terrestres connaîtront très probablement un réchauffement supérieur à ces moyennes mondiales, surtout en hiver, pour les zones situées à des latitudes nord supérieures. |
Q3.6-7 & Q3.11 | ||||
Les précipitations moyennes annuelles à l’échelle mondiale devraient augmenter au cours du XXIe siècle, même si à l’échelle régionale, les augmentations et diminutions prévues sont de l’ordre de 5 à 20 %. Il est probable que les précipitations augmenteront en été et en hiver sur les régions aux latitudes supérieures. Des augmentations sont é galement prévues en hiver pour les latitudes nord moyennes, en Afrique tropicale et en Antarctique, et en été en Asie australe et orientale. Des diminutions des précipitations hivernales sont prévues pour l’Australie, l’Amérique centrale et l’Afrique australe. Très probablement, les variations des précipitations interannuelles seront plus importantes sur la plupart des régions pour lesquelles on prévoit une augmentation des précipitations moyennes. | Q3.8 & Q3.12 | ||||
Selon les prévisions, la régression généralisée
des glaciers devrait se
poursuivre au cours du XXIe siècle. Dans l’hémisphère
Nord, la couverture neigeuse, le
pergélisol et la superficie de la glace marine devraient continuer
de diminuer. La masse de
l’inlandsis antarctique devrait augmenter, alors que celle de l’inlandsis
groenlandais devrait |
Q3.14 | ||||
Le niveau moyen de la mer à l’échelle mondiale devrait augmenter de 0,09 à 0,88 m entre 1990 et 2100, pour tous les scénarios du RSSE, avec cependant des variations régionales notables. Cette augmentation est due principalement à la dilatation thermique des océans et à la fonte des glaciers et des calottes polaires. Les augmentations prévues pour les périodes 1990–2025 et 1990–2050 sont de 0,03 à 0,14 m et 0,05 à 0,32 m respectivement. | Q3.9 & Q3.13 | ||||
Les changements climatiques prévus auront des effets bénéfiques et néfastes sur les systèmes environnementaux et socioéconomiques, mais plus l’ampleur et le rythme de ces changements seront importants, plus les effets néfastes prédomineront. |
Q3.15 | ||||
Les effets néfastes seront plus graves dans le cas d’émissions cumulées de gaz à effet de serre et de changements climatiques connexes plus importants confiance moyenne). Des changements climatiques mineurs peuvent avoir des effets bénéfiques pour certaines régions et certains secteurs, mais il est probable que ces effets diminuent avec l’augmentation de l’ampleur des changements climatiques. Par contre, il est probable que l’ampleur et la gravité d’un grand nombre d’effets néfastes observés augmentent avec l’importance des changements climatiques. Dans le cas des projections à l’échelle régionale, les effets néfastes devraient prédominer pour une grande partie du monde, en particulier dans les régions tropicales et subtropicales. | Q3.16 | ||||
Dans l’ensemble, les changements climatiques devraient accroître les risques pour la santé, en particulier pour les populations à faibles revenus, principalement dans les pays tropicaux/subtropicaux. Les changements climatiques peuvent influer directement sur la santé (diminution du stress dû au froid dans les pays tempérés, mais augmentation du stress dû à la chaleur, pertes de vies humaines au cours d’inondations et de tempêtes, par exemple), et indirectement suite à la modification des vecteurs de maladies (moustiques, par exemple)3, des pathogènes hydriques, de la qualité de l’eau et de l’air et de la disponibilité et de la qualité des denrées alimentaires (confiance moyenne à élevée). Les incidences réelles sur la santé seront largement fonction des conditions environnementales locales et du contexte socio-économique, ainsi que des mesures d’adaptation sociales, institutionnelles, technologiques et comportementales prises pour réduire l’ensemble des risques sanitaires. |
Q3.17 | ||||
Les changements climatiques et l’élévation du niveau de la mer modifieront la productivité écologique et la biodiversité, et il y aura accroissement du risque d’extinction de certaines espèces vulnérables (confiance élevée à moyenne). On prévoit l’augmentation de perturbations importantes des écosystèmes, dues, par exemple, aux incendies, sécheresses, infestations parasitaires, invasions d’espèces, tempêtes et au blanchissement corallien. Lorsqu’elles viennent s’ajouter aux autres contraintes sur les é cosystèmes, les contraintes dues aux changements climatiques risquent d’endommager profondément des systèmes uniques ou de contribuer à leur disparition et à l’extinction d’espèces me-nacées. La productivité nette des végétaux augmentera sous l’effet des concentrations croissantes de CO2, mais l’évolution climatique et la modification des régimes de perturbations liée à cette évolution pourront entraîner une augmentation ou une diminution de la productivité nette des écosystèmes (confiance moyenne). Selon certains modèles à l’échelle mondiale, l’absorption nette de carbone par les écosystèmes terrestres devrait augmenter pendant la première moitié du XXIe siècle, avant de se stabiliser ou de diminuer.
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Q3.18-20 | ||||
Des modèles de cultures céréalières indiquent
que, dans certaines zones
tempérées, les rendements potentiels augmentent dans le cas
de faibles
augmentations de température, mais diminuent lorsque ces variations
sont importantes (confiance moyenne à faible). Dans la plupart des régions tropicales et subtropicales, dans la majorité des cas, les augmentations de températures prévues devraient entraîner une baisse de la productivité agricole (confiance moyenne). Les effets néfastes sur les rendements agricoles seraient encore plus marqués pour les systèmes subtropicaux et tropicaux arides/pluviaux où l’on observe également une diminution importante des précipitations. Ces évaluations tiennent compte de certaines mesures d’adaptation prises par les agriculteurs et des effets de la fertilisation par le CO2, mais pas des impacts de l’accroissement prévu des infestations parasitaires et de l’évolution des extrêmes climatiques. La capacité d’adaptation des éleveurs face aux stress physiologiques liés aux changements climatiques est mal documentée. Selon les prévisions, un réchauffement de quelques (« a few ») °C ou plus entraînerait une augmentation des prix des denrées alimentaires à l’échelle mondiale et pourrait renforcer les risques de famine pour les populations vulnérables. |
Q3.21 | ||||
Dans nombre de régions aréiques, la pénurie d’eau sera aggravée par les changements climatiques. En général, les besoins hydriques augmentent en raison de la croissance démographique et du développement économique, bien qu’ils diminuent dans certains pays en raison d’une gestion plus efficace. Les changements climatiques devraient diminuer considérablement les ressources en eau disponibles (comme l’indiquent les projections concernant le ruissellement) dans un grand nombre de régions aréiques, mais pourraient les augmenter dans d’autres régions (confiance moyenne) (voir Figure RID–4). En général, une hausse des températures de l’eau devrait nuire à la qualité de l’eau douce (confiance élevée), bien que, dans certaines régions, ceci puisse être compensé par des débits plus importants. |
Q3.22 | ||||
Les incidences mondiales sur le secteur du marché, mesurées par les variations du produit intérieur brut (PIB), devraient être négatives pour un grand nombre de pays en développement pour toutes les fourchettes d’augmentation des températures moyennes mondiales étudiées (confiance faible), mixtes pour les pays développés dans le cas d’un réchauffement de quelques (« a few ») °C (confiance faible) et négatives dans le cas d’un réchauffement de plus de quelques (« a few ») degrés (confiance moyenne à faible). En général, ces estimations n’incluent pas les effets des modifications de la variabilité et des extrêmes climatiques, ne tiennent pas compte des effets de la variabilité du rythme des changements climatiques, n’expliquent que partiellement les répercussions sur les biens et les services non commercialisés, et estiment que, dans certains cas, les pertes sont compensées par les gains. | Q3.25 | ||||
Les populations des petites îles et/ou des zones côtières de faible élévation sont particulièrement menacées par le risque d’effets socio-économiques graves résultant de l’élévation du niveau de la mer et des ondes de tempêtes. Nombre d’établissements humains seront confrontés à un risque croissant d’inondations et d’érosion côtière, et des dizaines de millions de personnes vivant dans des deltas, dans des zones côtières de faible élévation et sur de petites îles devront peut-être quitter leur région. Des ressources indispensables aux populations insulaires et côtières, telles que les plages, l’eau douce, les pêcheries, les récifs coralliens et les habitats de la faune, seraient également menacées. |
Q3.23 | ||||
Les effets de l’évolution climatique s’exerceront de façon disproportionnée sur les pays en développement et les populations déshéritées dans tous les pays, renforçant ainsi les inégalités en matière de santé et d’accès à une alimentation adéquate, à l’eau potable et à d’autres ressources. En général, les populations dans les pays en développement sont exposées à des risques relativement élevés d’effets néfastes des changements climatiques. En outre, en raison de la pauvreté et d’autres facteurs, la plupart des pays en développement ont des capacités d’adaptation très limitées. | Q3.33 | ||||
Potentiellement, l’adaptation peut réduire les effets néfastes des changements climatiques et permet souvent d’obtenir des bénéfices accessoires immédiats, sans toutefois prévenir tous les dommages. |
Q3.26 | ||||
Face à l’évolution du climat, il existe de nombreuses possibilités d’adaptation qui pourront contribuer à réduire les effets néfastes et renforcer les effets bénéfiques des changements climatiques, mais qui généreront des coûts. L’évaluation quantitative de leurs bénéfices et coûts et de leur variabilité pour les régions et les entités est incomplète. | Q3.27 | ||||
L’adaptation serait plus difficile dans le cas de changements climatiques plus importants et plus rapides et ceux-ci seraient potentiellement plus dangereux que des changements climatiques moins importants et plus lents. Les systèmes naturels et les systèmes humains ont développé des capacités en réponse à une variabilité climatique dans laquelle les risques de dommages sont relativement faibles et la capacité de récupération élevée. Cependant, des changements climatiques qui accroissent la fréquence de phénomènes qui dépassent le cadre des phénomènes auxquels les systèmes ont pu faire face jusqu’ici, augmentent le risque de dommages graves et de récupération incomplète ou de destruction du système. | Q3.28 |
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