Si l’adaptation peut contribuer à atténuer les effets néfastes des changements climatiques et à renforcer leurs effets bénéfiques, elle aura cependant un certain coût et ne parera pas à tous les dommages. Pour répondre aux préoccupations relatives à la vulnérabilité et à l’adaptation aux changements climatiques, il faut tenir compte non seulement de l’évolution des conditions climatiques moyennes, mais aussi des événements extrêmes, de la variabilité du climat et du rythme de ces changements. Les systèmes naturels et humains s’adapteront jusqu’à un certain point au changement climatique d’une manière autonome. L’adaptation planifiée peut compléter l’adaptation autonome, mais les solutions envisageables et les mesures incitatives sont d’une plus grande importance pour l’adaptation des systèmes humains que pour l’adaptation visant à protéger les systèmes naturels. L’adaptation est une stratégie qu’il faut appliquer à toutes les échelles pour conforter les efforts déployés en matière d’atténuation des effets du changement climatique. [6]
On peut tirer parti de l’expérience acquise dans le domaine de l’adaptation à la variabilité du climat et aux phénomènes climatiques extrêmes pour élaborer des stratégies pertinentes d’adaptation aux changements climatiques prévus. L’adaptation à la variabilité présente du climat et aux phénomènes extrêmes actuels a souvent des effets positifs, en même temps qu’elle sert de base pour faire face au changement climatique futur. Cependant, l’expérience montre également que la pleine réalisation des possibilités d’adaptation se heurte à des contraintes. En outre, certaines décisions fondées sur des considérations à court terme, une appréciation négligente de la variabilité avérée du climat, un manque de clairvoyance, une sousinformation et une confiance excessive dans les mécanismes d’assurance peuvent aboutir à une adaptation inopportune, consistant par exemple à favoriser le développement de zones à risque. [6]
La capacité des systèmes humains de s’adapter et de faire face au changement climatique est conditionnée par des facteurs tels que la richesse, les moyens techniques, l’éducation, l’information, les compétences, l’infrastructure, l’accès aux ressources et le potentiel de gestion. Les pays développés et en développement ont la possibilité d’acquérir cette capacité ou de la renforcer. Les populations et les communautés sont très diversement favorisées pour ce qui est des facteurs évoqués cidessus, et les pays en développement – notamment les pays les moins avancés – sont généralement les plus défavorisés à cet égard. De ce fait, ces pays ont une capacité d’adaptation moindre et sont plus vulnérables aux dommages causés par les changements climatiques – tout comme ils sont plus vulnérables à d’autres contraintes –, et ce sont les couches les plus pauvres de leurs populations qui sont les moins bien loties sous ce rapport. [6.1; voir aussi 5.1.7, 5.2.7, 5.3.5, 5.4.6, 5.6.1, 5.6.2, 5.7, et 5.8.1 pour des informations de portée régionale]
Les avantages et les coûts des effets du changement climatique ont été chiffrés et totalisés à l’échelle nationale, régionale et mondiale. Ces valeurs estimées ne tiennent généralement pas compte des effets du changement pour ce qui est de la variabilité du climat et des phénomènes climatiques extrêmes, ni des différences de rythme de ce changement, et ne tiennent compte qu’en partie des incidences du changement climatique sur les biens et services qui ne font pas l’objet de transactions commerciales. Ces omissions risquent de donner lieu à des sous-estimations des pertes et à des surestimations des gains sur le plan économique. Les valeurs estimées des incidences cumulées prêtent à controverse, parce qu’elles reposent sur l’hypothèse selon laquelle les avantages dont bénéficient certains compensent les pertes subies par d’autres et que les coefficients de pondération utilisés pour la totalisation sont nécessairement subjectifs. [7.2.2 et 7.2.3]
En dépit des restrictions formulées ci-dessus, les quelques valeurs estimées publiées semblent indiquer que, dans bon nombre de pays en développement, l’élévation de la température moyenne à l’échelle du globe9 entraînera des pertes économiques nettes quelle que soit l’ampleur du réchauffement considérée (degré de confiance faible6) et que l’ampleur de ces pertes sera proportionnelle à celle du réchauffement (degré de confiance moyen6). En revanche, dans les pays développés, une hausse de la température mondiale moyenne ne dépassant pas quelques («a few») degrés Celsius se traduirait à la fois par des gains et par des pertes économiques (degré de confiance faible6), et par des pertes économiques seulement si la température devait s’élever davantage (degré de confiance moyen6). La répartition projetée des incidences économiques est telle qu’elle entraînera une disparité accrue des conditions de vie dans les pays développés et les pays en développement, cette disparité s’accentuant d’autant plus que l’élévation projetée de la température sera forte (degré de confiance moyen6). Le fait que, selon les estimations, ces incidences seront plus dommageables aux pays en développement reflète en partie la moindre capacité d'adaptation de ces pays, par rapport aux pays développés. [7.2.3]
Totalisé à l’échelle du globe, le produit intérieur brut (PIB) mondial pourrait augmenter ou diminuer de quelques points de pourcentage pour une élévation de la température moyenne à la surface du globe ne dépassant pas quelques («a few») degrés Celsius (degré de confiance faible6), et des pertes nettes plus importantes s’ensuivraient dans le cas d’une élévation plus grande (degré de confiance moyen6) (voir la figure SPM 2). D’après les projections, il y aura plus de personnes affectées par les changements climatiques que de personnes qui en tireront profit, même dans le cas d’une élévation inférieure à quelques degrés («a few») de la température moyenne à la surface du globe (degré de confiance faible6). Ces résultats sont sensibles aux hypothèses concernant les changements climatiques à l’échelle régionale, le niveau de développement, la capacité d’adaptation, le rythme du changement, le mode d’évaluation des incidences et les méthodes utilisées pour la totalisation des gains et des pertes monétaires, y compris le choix du taux d’escompte. [7.2.2]
Le changement climatique devrait avoir des effets plus marqués dans les pays en développement pour ce qui est des pertes en vies humaines et des répercussions connexes sur l’investissement et l’économie. Par exemple, les dommages en pourcentage du PIB causés par les phénomènes climatiques extrêmes ont été beaucoup plus importants dans les pays en développement que dans les pays développés. [4.6]
Beaucoup de communautés et de régions qui sont vulnérables aux changements climatiques subissent également des contraintes liées, par exemple, à la croissance démographique, à l’épuisement des ressources et à la pauvreté. Les politiques destinées à atténuer les pressions sur les ressources, à faciliter la gestion des risques environnementaux et à améliorer les conditions de vie des couches les plus pauvres de la société peuvent également contribuer à faire progresser le développement durable et l’équité, à renforcer la capacité d’adaptation et à réduire la vulnérabilité au climat et à d'autres contraintes. La prise en compte des risques climatiques dans les programmes de développement mis en œuvre au plan national et international peut favoriser le progrès de l’équité et du développement durable tout en atténuant la vulnérabilité au changement climatique. [6.2]
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