Bilan 2001 des changements climatiques :
Conséquences, adaptation et vulnérabilité

Autres rapports dans cette collection

7.2.2 Effets généraux dans le monde

Avec une faible hausse de la température, les effets généraux sur l’économie pourraient totaliser quelques points de pourcentage du PIB mondial (degré de confiance moyen); les effets non liés aux marchés pourraient être négatifs (degré de confiance faible). Les répercussions nettes réduites résultent principalement du fait que les économies développées, dont beaucoup pourraient avoir des effets bénéfiques, contribuent à la plus grande partie de la production mondiale. Mettre davantage d’emphase sur les conséquences dans les pays pauvres pour tenir compte des inquiétudes en matière d’équité pourrait donner lieu à des effets généraux nets négatifs, même avec un réchauffement moyen. Il est également possible que la majorité de la population soit affectée négativement par les scénarios de changements climatiques de cette ampleur, même si l’incidence monétaire nette est positive. Avec des hausses de températures moyennes à élevées, les avantages ont tendance à diminuer et les dommages à augmenter si bien que le changement net du bien-être économique mondial devient négatif – et encore plus négatif à mesure que la température s’élève (degré de confiance moyen). Certains secteurs, comme les ressources côtières et les ressources en eau, pourraient subir des effets néfastes dans les pays développés et les pays en développement. D’autres secteurs, tels que l’agriculture et la santé, pourraient avoir des effets bénéfiques nets dans certains pays et des incidences négatives nettes dans d’autres. [19.5]

Les résultats sont sensibles aux hypothèses sur les changements climatiques régionaux, les niveaux de développement, les capacités d’adaptation, les vitesses des changements, la valeur des effets et les méthodes utilisées pour totaliser les pertes et les gains, y compris le choix de taux d’escompte. De plus, ces études ne tiennent pas compte de facteurs éventuellement importants comme les changements dans les phénomènes extrêmes, les réactions bénéfiques et complémentaires à la menace posée par les événements extrêmes non climatiques, les modifications rapides de climat régional (qui résultent, par exemple, de l’évolution de la circulation océanique), les effets combinés de stress multiples, ou les réactions conflictuelles ou complémentaires à ces stress. Comme ces facteurs doivent encore être pris en compte dans les estimations des effets généraux, et que ces estimations ne comprennent pas toutes les catégories de répercussions possibles, notamment les effets non économiques, on considère que les évaluations des incidences des changements climatiques au niveau du bien-être économique global sont incomplètes. Etant donné ces incertitudes, on ne peut exclure la possibilité d’effets néfastes causés par une faible hausse de la température. [19.5] [19.5]

7.2.3 Distribution des effets

Les pays en développement ont tendance à être plus vulnérables aux changements climatiques que les pays industrialisés (degré de confiance élevé). Ils devraient subir plus d’effets néfastes que les pays développés (degré de confiance moyen). Une faible hausse de la température aurait des effets négatifs nets sur l’économie dans de nombreux pays en développement (degré de confiance moyen). Les différents résultats sont attribuables en partie aux diverses expositions et sensibilités (par exemple les températures actuelles sont inférieures aux températures optimales sous les moyennes et hautes latitudes pour de nombreuses cultures, mais elles sont équivalentes ou supérieures à ces températures sous les basses latitudes) et en partie au fait que les pays en développement ont une capacité d’adaptation moindre que les pays développés. Avec une hausse moyenne de la température, les effets bénéfiques nets commenceraient à devenir néfastes et les impacts négatifs seraient accentués (degré élevé de confiance). Les résultats de ces études ne tiennent pas entièrement compte des répercussions non économiques telles que celles sur les systèmes naturels, qui peuvent être sensibles à un faible réchauffement. Parmi les régions particulièrement vulnérables, citons les deltas, les petits Etats insulaires de basse altitude et de nombreuses régions arides où la sécheresse et la disponibilité de l’eau sont problématiques même sans changements climatiques. Dans les régions et les pays, les répercussions devraient surtout toucher, de manière relative, les populations défavorisées. Les membres les plus démunis de la société peuvent être considérés comme les plus vulnérables aux changements climatiques en raison de leur capacité réduite à faire face et à s’adapter aux incidences, mais peu d’études ont examiné explicitement la distribution des effets sur les défavorisés par rapport à d’autres tranches de la société. [19.4]

Les effets sur les systèmes non aménagés devraient probablement s’aggraver avec le temps, mais dans le cas des systèmes aménagés, ils pourraient s’aggraver ou s’amenuiser au cours du XXIe siècle. La distribution des effets au cours du XXIe siècle est influencée par plusieurs facteurs. A mesure que les concentrations de GES augmenteront, l’ampleur de l’exposition aux changements dans les facteurs climatiques devrait aussi augmenter. Les stress non climatiques sur les systèmes sociaux et naturels, qui accroissent leur vulnérabilité, pourraient aussi s’accroître avec le temps en raison de la croissance démographique et de la demande accrue de terre, d’eau, d’infrastructure publique et d’autres ressources. L’augmentation de la population, des revenus et des richesses signifie également que plus de personnes et de ressources d’origine anthropique seraient potentiellement exposées aux changements climatiques, ce qui aurait tendance à hausser les dommages économiques en valeur absolue; c’est ce qui a été observé dans le passé. Des facteurs, comme la croissance des richesses, l’évolution des technologies et l’amélioration des institutions, peuvent compenser ces tendances en renforçant la capacité d’adaptation et réduisant la vulnérabilité aux changements climatiques. [8, 19.4]

L’augmentation ou la diminution des effets et de la vulnérabilité avec le temps devrait probablement dépendre en partie de la vitesse des changements climatiques et du développement et pourrait différer selon qu’il s’agit de systèmes aménagés ou non. Plus l’évolution du climat serait rapide, plus l’exposition future à des effets potentiellement néfastes serait importante, ainsi que la possibilité de dépasser les seuils des systèmes. Plus le développement serait accéléré, plus il y aurait de ressources exposées dans le futur – mais la capacité d’adaptation des sociétés serait par ailleurs renforcée. Les avantages du renforcement des capacités d’adaptation seraient probablement plus importants pour les systèmes très aménagés que pour les systèmes peu ou pas aménagés. Pour cette raison et parce que les pressions non climatiques sur les systèmes naturels pourraient augmenter à l’avenir, on s’attend à ce que la vulnérabilité de ces systèmes s’accroisse avec le temps (degré de confiance moyen). [ 19.4.2, 19.4.3]

Les futures voies de développement, durables ou autres, influeront sur la vulnérabilité aux changements climatiques, et les effets de ces changements pourraient affecter le potentiel de développement durable dans différentes parties du monde. L’évolution du climat représente l’un des nombreux stress qui pèsent sur les systèmes humains et naturels. La gravité de nombre de ces stress sera déterminée en partie par les voies de développement choisies par les sociétés humaines; on s’attend à ce que les voies qui génèrent moins de stress atténuent la vulnérabilité des systèmes humains et naturels. Le développement peut également influencer la vulnérabilité future en renforçant la capacité d’adaptation par l’accumulation de richesses, de technologies, d’informations, de compétences et d’infrastructure adaptée; par l’établissement d’institutions efficaces; et par l’avancement de l’équité. Les effets des changements climatiques pourraient affecter le potentiel de développement durable en modifiant la capacité de production des aliments et des fibres, l’approvisionnement en eau et sa qualité, la santé, et en orientant les ressources financières et humaines vers l’adaptation. [18]



Autres rapports dans cette collection