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Question 5
Que sait-on au sujet de l’inertie et des
échelles temporelles associées aux changements des systèmes climatiques,
écologiques et des secteurs socio-économiques et de leurs interactions
?
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Encadré 5–1 Échelle temporelle
et inertie. |
Les termes « échelle temporelle » et « inertie
» n’ont pas un sens universel, accepté par toutes les disciplines
étudiées par le TRE. Les définitions suivantes sont utilisées en
ce qui concerne la réponse à la présente question :
- « Échelle temporelle » signifie ici le temps nécessaire à la
manifestation de la moitié au moins des conséquences de la perturbation
d’un moteur de processus. Les échelles temporelles de certains
processus clés du système terrestre sont indiquées à la Figure
5–1.
- « Inertie » signifie ici un retard, une lenteur ou une résistance
au niveau de la réponse des systèmes climatiques, biologiques
ou humains à des facteurs qui perturbent leur rythme de changement,
y compris la persistance de la perturbation dans le système après
élimination de la cause de celle-ci.
Ces deux notions figurent parmi plusieurs notions utilisées dans
la littérature pour décrire les réponses de systèmes adaptateurs
complexes et non linéaires au forçage externe. |
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Figure 5–1 : Échelles temporelles
caractéristiques de certains processus clés dans le système terrestre :
composition de l’atmosphère (bleu), système climatique (rouge), écosystème
(vert), et système socio-économique (violet). « Échelle temporelle »
signifie ici le temps nécessaire à la manifestation de la moitié au moins
des conséquences de la perturbation d’un moteur de processus. Les problèmes
d’adaptation apparaissent lorsque le processus de réponse (la longévité
de certaines plantes, par exemple) est beaucoup plus lent que le processus
moteur (la variation de température). Des problèmes d’équité entre les générations
apparaissent pour tous les processus dont l’échelle temporelle est supérieure
à celle d’une génération humaine, car ce seront les futures générations
qui subiront une grande partie des conséquences des activités d’une génération
donnée.
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GTI TRE Chapitres 3, 4,
7, & 11,
GTII TRE Chapitre 5, &
GTIII TRE Chaptitres 5, 6,
& 10 |
5.1 |
La présente réponse examine et illustre l’inertie
et diverses échelles temporelles associées à des processus importants au
sein des systèmes climatiques, écologiques et socio-économiques en interaction.
Elle examine ensuite des changements potentiellement irréversibles — c’est-à-dire
des cas où certains composants des systèmes climatiques, écologiques ou
socio-économiques risquent de ne pas revenir à leur état antérieur sur des
échelles de temps couvrant plusieurs générations humaines après diminution
ou élimination des forces motrices à l’origine de ces changements. Enfin,
elle examine les effets éventuels de l’inertie sur les décisions concernant
l’atténuation des changements climatiques ou l’adaptation à ces derniers.
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5.2 |
L’inertie est une caractéristique
inhérente généralisée des systèmes climatiques, écologiques et socio-économiques
en interaction. Certains effets des changements climatiques anthropiques,
par exemple, ne deviendront apparents que lentement, alors que d’autres
peuvent être irréversibles si le rythme et l’ampleur des changements climatiques
ne sont pas limités avant le dépassement de seuils associés dont la position
peut être mal connue.
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5.3 |
L’effet global de l’interaction
des inerties des divers processus est tel que la stabilisation du climat
et des systèmes soumis aux effets climatiques ne se produira que bien
longtemps après la réduction des émissions de gaz à effet de serre anthropiques.
La perturbation de l’atmosphère et des océans, résultant des émissions
de CO2 déjà imputables aux activités humaines depuis 1750, perdurera pendant
des siècles en raison de la lente redistribution du carbone entre les
grands réservoirs océaniques et terrestres à lent renouvellement (voir
Figures 5-2 et 5-4).
Les futures concentrations atmosphériques de CO2 devraient rester pendant
des siècles proches du niveau le plus haut jamais atteint, car les processus
naturels ne peuvent faire revenir les concentrations à leurs niveaux préindustriels
que sur des échelles de temps géologiques. A l’opposé, la stabilisation
des émissions de gaz à effet de serre à durée de vie plus courte, tels
que le CH4, conduit, en quelques décennies, à une stabilisation des concentrations
atmosphériques. En raison de l’inertie, la réduction des émissions de
gaz à effet de serre à longue durée de vie présente des bénéfices à long
terme.
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GTI TRE Sections 3.2, 3.7,
& 4.2, & GTI
TRE Figure 9.16
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5.4 |
Les océans et la cryosphère
(calottes glaciaires, inlandsis, glaciers, et pergélisol) sont les principales
sources d’inertie physique dans le système climatique pour des échelles
temporelles jusqu’à 1 000 ans. En raison de la masse, de l’épaisseur
et de la capacité thermique importantes des océans et de la cryosphère,
et de la lenteur des échanges thermiques, des modèles couplés océans-climat
prévoient que la température moyenne de l’atmosphère près de la surface
de la terre prendra des centaines d’années avant d’approcher de la nouvelle
température « à l’équilibre » à la suite d’un changement du forçage radiatif.
La pénétration de chaleur depuis l’atmosphère jusqu’à la « couche mixte
» supérieure des océans se produit dans l’espace de décennies, mais les
échanges thermiques jusqu’aux profondeurs océaniques prennent des siècles.
Conséquence connexe, l’élévation du niveau de la mer due aux activités
humaines se poursuivra inexorablement pendant des siècles après stabilisation
des concentrations atmosphériques des gaz à effet de serre.
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GTI TRE Sections 7.3, 7.5,
& 11.5.4, & GTI
TRE Figures 9.1, 9.24,
& 11.16 |