Bilan 2001 des changements climatiques :
Mesures d'atténuation

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Comment aboutir à une atténuation

17. Pour mettre en œuvre avec succès les mesures d'atténuation des gaz à effet de serre, il convient de surmonter de nombreux obstacles d'ordre technique, économique, politique, culturel, social, comportemental et/ou institutionnel s'opposant à une exploitation complète des possibilités techniques, économiques et sociales qu'offrent ces mesures. Les possibilités d'atténuation et les types d'obstacles varient selon les régions et les secteurs ainsi qu'avec le temps, en raison des fortes variations de la capacité d'atténuation. Les pauvres d'un pays donné disposent de possibilités limitées d'adopter des techniques ou de transformer leur comportement social, surtout s'ils ne s’inscrivent pas dans une économie marchande. La plupart des pays pourraient bénéficier d'un financement novateur, d'une réforme institutionnelle et d'une suppression des obstacles au commerce. Dans les pays industrialisés, les futures possibilités consistent, pour l'essentiel, à éliminer les obstacles sociaux et comportementaux. Dans les pays à économie en transition, elles consistent à rationaliser les prix. Dans les pays en développement, elles consistent à rationaliser les prix, à élargir l'accès à l'information, à offrir des techniques évoluées, des ressources financières, une formation et un renforcement des capacités. Dans tout pays, cependant, il existe des possibilités d'éliminer toute combinaison d'obstacles (sections 1.5, 5.3, 5.4).

18. Sur le plan national, les réactions aux changements climatiques peuvent gagner en efficacité si elles se présentent sous la forme d'un ensemble d'outils d'intervention visant à limiter ou à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ces outils peuvent comprendre, selon la situation nationale, des taxes sur les émissions, le carbone et l'énergie, des permis d'émission négociables ou non, l'attribution et/ou la suppression de subventions, des consignes, les normes de technologie ou de performance, des conditions de répartition des sources d'énergie, l'interdiction de produits, des accords volontaires, des dépenses et des investissements publics et un appui à la recherche-développement. Chaque gouvernement peut adopter des critères d'évaluation distincts, susceptibles de conduire à la mise en place de divers ensembles d'instruments. La documentation en général n'accorde pas de préférence à certains outils d'intervention. Les instruments du marché peuvent être efficaces par rapport au coût dans de nombreux cas, surtout si l'on développe la capacité de les administrer. Les normes concernant le rendement énergétique et la réglementation relative aux résultats, largement employées, peuvent être efficaces dans de nombreux pays et précèdent parfois les instruments fondés sur le marché. Récemment, on a fait davantage appel à des accords volontaires, qui ont parfois précédé l'adoption de mesures plus rigoureuses. On met de plus en plus l'accent sur les campagnes d'information, l'étiquetage écologique et les campagnes de publicité faisant appel à des arguments écologiques, de façon indépendante ou en association avec des subventions d'incitation, pour informer les consommateurs et les fabricants et faire évoluer leur comportement. La recherche-développement d'Etat et/ou privée est importante pour faire progresser l'application à long terme et le transfert de technologies d'atténuation au-delà du potentiel actuel du marché ou de l'économie (section 6.2).

19. On peut accroître l'efficacité des mesures d'atténuation des changements climatiques en intégrant les politiques climatiques aux objectifs non climatiques des politiques nationales et transformer ces mesures en vastes stratégies de transition afin d'aboutir aux transformations sociales et techniques à long terme qu'exigent le développement durable et l'atténuation des changements climatiques. De même que les politiques climatiques peuvent offrir des avantages accessoires qui amélioreront le bien-être, de même les politiques non climatiques peuvent donner lieu à des avantages climatiques. Il serait peut-être possible de réduire sensiblement les émissions de gaz à effet de serre en poursuivant des objectifs climatiques par l'intermédiaire de politiques socio-économiques d'ordre général. Dans de nombreux pays, l'intensité de carbone des systèmes énergétiques peut varier en fonction des programmes généraux de développement de l'infrastructure énergétique, de la fixation des prix et de la politique fiscale. L'adoption de techniques de pointe écologiquement rationnelles offre des possibilités particulières de développement conciliable avec l'environnement tout en évitant les activités fortes productrices de gaz à effet de serre. Il est possible de favoriser le transfert de ces technologies vers des petites et moyennes entreprises. En outre, la prise en compte des avantages accessoires dans des stratégies globales de développement national peut réduire les obstacles politiques et institutionnels auxquels sont confrontées les institutions s'occupant du climat (sections 2.2.3, 2.4.4, 2.4.5, 2.5.1, 2.5.2, 10.3.2, 10.3.4).

20. Des mesures coordonnées entre les pays et les secteurs peuvent contribuer à réduire les coûts de l'atténuation et à aborder les problèmes de compétitivité, les conflits potentiels avec les règles du commerce international et le transfert d'émissions de carbone. Un groupe de pays qui cherche à limiter ses émissions collectives de gaz à effet de serre peut décider d'adopter des instruments internationaux bien conçus. Les instruments évalués dans le présent rapport et élaborés dans le Protocole de Kyoto sont l'échange de droits d'émission, la mise en œuvre conjointe et le mécanisme pour un développement “propre”. D'autres instruments internationaux sont également évalués dans le présent rapport : des taxes coordonnées ou harmonisées sur les émissions, le carbone et l'énergie, une taxe sur les émissions, le carbone et l'énergie, des normes relatives aux produits et aux techniques, des accords volontaires avec l'industrie, des transferts directs de ressources financières et de technologies et la création coordonnée d'un environnement dynamique incitant par exemple à la réduction des subventions sur les combustibles fossiles. A ce jour, certains de ces instruments n'ont été envisagés que dans certaines régions (sections 6.3, 6.4.2, 10.2.7, 10.2.8).

21.La prise de décisions sur les changements climatiques constitue pour l'essentiel un processus séquentiel entaché d'incertitude. Selon la documentation, une stratégie prudente de gestion des risques exige une prise en compte soigneuse des conséquences (tant écologiques qu'économiques), de leur probabilité d'occurrence et de l'attitude de la société par rapport à de tels risques. Cette attitude est susceptible de varier selon les pays et peut-être même selon les générations. Nous confirmons ici les constatations du deuxième Rapport d'évaluation selon lequel l'amélioration des informations sur les processus et les incidences des changements climatiques et les réactions de la société par rapport à ceux-ci sont susceptibles d'avoir une grande valeur. Des décisions à propos des politiques climatiques à court terme sont en cours d'adoption alors que l'objectif de la stabilisation est toujours en cours de discussion. La documentation propose une solution pas à pas pour stabiliser la concentration des gaz à effet de serre. Il faudra pour cela équilibrer les risques d'une action insuffisante ou excessive. La question qui se pose est non pas “Quelle est la meilleure voie pour les 100 prochaines années?”, mais “Quelle est la meilleure voie à court terme, étant donné les changements climatiques prévus à long terme et les incertitudes connexes?”(section 10.4.3).

22. Nous confirmons ici les constatations du deuxième Rapport d'évaluation selon lequel un ensemble de mesures précoces comprenant l'atténuation des émissions, la mise au point de techniques et la réduction des incertitudes scientifiques donnent davantage de souplesse aux actions de stabilisation de la concentration de gaz à effet de serre dans l'atmosphère.
La combinaison appropriée de mesures varie avec le temps et selon l'endroit. Des études de modélisation économique effectuées depuis le deuxième Rapport d'évaluation indiquent qu'à court terme, une évolution progressive du système énergétique mondial actuel vers une économie émettant moins de carbone minimise les coûts associés à la réforme prématurée des investissements actuels. Elle laisse également du temps pour mettre au point des techniques et évite de se fixer prématurément sur des versions périmées de techniques peu polluantes à la progression rapide. D'un autre côté, des mesures plus promptes à court terme réduiraient les risques pour l'environnement et pour l'homme d'une évolution rapide du climat. En outre, elles favoriseraient une mise en place plus prompte des techniques peu polluantes actuelles, inciteraient fortement, à court terme, à une évolution technique susceptible d'éviter qu'on se fixe sur des techniques à forte intensité de carbone et permettraient un renforcement ultérieur des objectifs, si l'on juge que cela est souhaitable à la lumière de la progression de la compréhension scientifique (sections 2.3.2, 2.5.2, 8.4.1, 10.4.2, 10.4.3).

23. Il existe un rapport entre l'efficacité écologique d'un régime international, l’efficacité par rapport au coût des politiques climatiques et l'équité de l'accord.
On peut concevoir tout régime international de façon à en accroître l'efficacité et l'équité. La documentation, analysée dans le présent rapport, sur la formation de coalitions au sein des régimes internationaux présente diverses stratégies conformes à ces objectifs et indique notamment comment rendre plus attrayante l'adhésion à un régime grâce à une répartition appropriée des activités et à l'adoption de stimulants. Si l'analyse et les négociations portent souvent sur la réduction des coûts du système, il est également reconnu dans la documentation que la mise en place d'un régime efficace en ce qui concerne les changements climatiques doit tenir compte du développement durable et de questions non économiques (sections 1.3, 10.2).



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