Figure TS 11 — a) Variation de la concentration de CH4 (fraction molaire, ppb = 10-9) déterminée à partir de carottes glaciaires, de névés et d’échantillons d’air complet, tracée pour les 1000 dernières années. Le forçage radiatif, représenté approximativement par une échelle linéaire depuis l’ère préindustrielle, est tracé sur l’axe de droite. b) Concentration de CH4 moyennée mondialement (variation mensuelle) et désaisonnalisée (ligne lisse) tracée pour la période 1983-1999. c) Taux instantané de croissance annuelle (ppb/an) de la teneur atmosphérique mondiale en CH4 de 1983 à 1999, calculé comme une dérivée de la courbe de tendance désaisonnalisée ci-dessus. Les incertitudes (lignes pointillées) sont des erreurs types de ±1. [Fondée sur la Figure 4.1] |
Figure TS 12 — Concentration moyenne mondiale (ppt) de CFC-11 (CFCI3) dans la troposphère, de 1950 à 1998, déterminée à partir de mesures lissées et de modèles d’émission. Le forçage radiatif du CFC-11 est indiqué sur l’axe de droite. [Fondée sur la Figure 4.6] |
La teneur en CH4 de l’atmosphère continue d’augmenter et est passée d’environ 1610 ppb en 1983 à 1745 ppb en 1998, quoique sa progression annuelle se soit ralentie durant cette période. Cette progression a été très variable pendant les années 90 : proche de zéro en 1992, elle a atteint jusqu’à 13 ppb en 1998. Il n’y a pas d’explication quantitative claire de cette variabilité. Depuis le deuxième Rapport d’évaluation, la quantification de certaines sources anthropiques de CH4 telles que la riziculture s’est améliorée.
Le taux d’accroissement de la concentration de CH4
dans l’atmosphère résulte d’un léger déséquilibre
entre des sources et des puits mal caractérisés, ce qui rend problématique
toute prévision en la matière. Bien que les principaux agents
contribuant au bilan global du CH4 aient été identifiés,
la plupart d’entre eux sont assez mal quantifiés en raison de la
difficulté à évaluer les taux d’émission de
sources biosphériques très variables. Les insuffisances de l’évaluation
quantitative et de la caractérisation de l’importance des sources
de CH4 empêchent de prévoir l’évolution
de la concentration de ce gaz dans l’atmosphère (et donc sa contribution
au forçage radiatif) pour tout scénario d’émissions
anthropiques donné, d’autant plus que les changements climatiques
peuvent influer considérablement sur les émissions naturelles
et l’élimination du CH4.
Le bilan global de l’oxyde nitreux est mieux équilibré que dans le deuxième Rapport d’évaluation, mais il reste encore d’importantes incertitudes quant aux émissions imputables aux différentes sources. On évalue les sources naturelles de N2O à environ 10 TgN/an (1990), dont environ 65 pour cent en provenance des terres émergées et 30 pour cent en provenance des océans. De nouvelles évaluations, revues à la hausse, chiffrent les émissions d’origine anthropique (agriculture, combustion de la biomasse, activités industrielles et élevage) à quelque 7 TgN/an, ce qui contribue à un meilleur équilibre des valeurs estimées correspondant aux sources et aux puits, en comparaison des indications données dans le deuxième Rapport d’évaluation. Toutefois, la capacité de prévision concernant cet important gaz à effet de serre persistant ne s’est guère améliorée depuis la dernière évaluation. Le forçage radiatif est évalué à 0,15 Wm-2, soit 6 pour cent du forçage radiatif total dû à l’ensemble des gaz à effet de serre persistants et bien répartis à l’échelle du globe (voir la figure TS 9).
Par suite de la réduction des émissions découlant de
l’application des dispositions du Protocole de Montréal et de ses
Amendements, la concentration dans l’atmosphère de bon nombre des
gaz à effet de serre qui contribuent en outre à l’appauvrissement
de la couche d’ozone diminue (CFC-11, CFC-113, CH3CCl3
et CCl4) ou augmente plus lentement (CFC-12). Bon nombre de ces hydrocarbures
halogénés sont également des gaz a effet de serre persistants
à effet radiatif direct. Ces composés carbonés qui
contiennent du fluor, du chlore, du brome ou de l’iode sont, dans la plupart
des cas, des sous-produits de l’activité humaine. Les hydrocarbures
halogénés qui contiennent du chlore (par exemple les chlorofluorocarbones,
ou CFC) et du brome (par exemple les halons) provoquent l’appauvrissement
de la couche d’ozone stratosphérique et sont réglementés
par le Protocole de Montréal. L’abondance troposphérique
combinée des gaz appauvrissant la couche d’ozone a atteint son
maximum en 1994 et diminue lentement depuis. L’abondance atmosphérique
de certains des principaux hydrocarbures halogénés à effet
de serre a également atteint son maximum, comme on le voit pour le CFC-11
à la figure TS 12. Les concentrations des
CFC et des hydrocarbures chlorés dans la troposphère sont conformes
aux données sur les émissions. Les hydrocarbures halogénés
engendrent un forçage radiatif de 0,34 Wm-2, ce qui représente
14 pour cent du forçage radiatif imputable à l’ensemble
des gaz à effet de serre répartis de façon homogène
à l’échelle du globe (figure
TS 9).
On a pu constater l’accroissement de la concentration dans l’atmosphère
des produits de remplacement des CFC, dont certains sont des gaz à effet
de serre. Les hydrocarbures partiellement chlorofluorés (HCFC) et
partiellement fluorés (HFC) y sont en effet plus abondants en raison
de la persistance de leurs usages antérieurs et de leur utilisation comme
produits de remplacement des CFC. Ainsi, la concentration de HFC-23 a plus que
triplé entre 1978 et 1995. Comme les HFC sont encore relativement peu
abondants, ils contribuent peu au forçage radiatif. Il en va de même
pour les HCFC, et les émissions futures de ces gaz sont en outre limitées
par le Protocole de Montréal.
Les hydrocarbures perfluorés (PFC, tels que CF4 et C2F6) et l’hexafluorure de soufre (SF6), d’origine anthropique, ont un temps de séjour atmosphérique extrêmement long et sont d’excellents absorbants du rayonnement infrarouge. En conséquence, ces composés, même rejetés en quantités relativement minimes, peuvent avoir une influence durable sur le climat. Le perfluorométhane (CF4), initialement d’origine naturelle, séjourne dans l’atmosphère pendant au moins 50 000 ans. Par contre, les émissions anthropiques actuelles de ce composé, qui sont mille fois au moins plus importantes que les émissions naturelles, sont la cause de l’accroissement manifeste de sa concentration. Quant à l’hexafluorure de soufre (SF6), c’est un gaz à effet de serre 22 200 fois plus actif, à poids égal, que le CO2. Si sa concentration dans l’atmosphère est encore très faible (4,2 ppt), elle augmente à un rythme élevé (0,24 ppt/an). Il y a concordance entre le taux de croissance observé du SF6 atmosphérique et ses émissions, calculées sur la base des données révisées de vente et de stockage.
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