5.18 | Du fait de l’inertie dans
les systèmes climatiques, écologiques et socio-économiques, l’adaptation
est inévitable et déjà indispensable dans certains cas, et cette inertie
a des effets sur l’éventail optimal de stratégies d’adaptation et d’atténuation. |
||
5.19 | En raison des décalages temporels
et des inerties inhérents au système terrestre, y compris ses composants
sociaux, certaines des conséquences des mesures prises ou non ne seront
évidentes que dans de nombreuses années. Par exemple, les différences
entre les chemins temporels initiaux des scénarios de stabilisation et des
scénarios du RSSE sont faibles, mais leurs répercussions pour le climat
en 2100 sont importantes. Le choix des voies de développement a des incidences
à toutes les échelles temporelles, et par conséquent, les coûts et bénéfices
à long terme peuvent présenter des différences considérables par rapport
à ceux à court terme. |
GTIII TRE Section 8.4.2 | |
5.20 | Étant donné l’inertie, pour
ce qui est des changements climatiques, des mesures d’adaptation ou d’atténuation
bien fondées sont plus efficaces, et peuvent quelquefois être moins coûteuses,
si elles sont prises plus tôt. Les décalages temporels accordent
un certain « répit » entre les émissions et les incidences, ce qui permet
de prévoir une adaptation. L’inertie relative à l’évolution technologique
et au remplacement des capitaux est un argument important en faveur d’une
atténuation progressive. En raison de l’inertie au sein des structures et
processus économiques, tout écart par rapport à une tendance donnée génère
des coûts, coûts qui augmentent avec la vitesse de ces écarts (coûts de
la mise hors service anticipée d’équipements à forte intensité de carbone,
par exemple). Des mesures d’atténuation anticipatoires peuvent diminuer
le risque d’incidences graves durables ou irréversibles, tout en réduisant
la nécessité d’une atténuation plus rapide par la suite. Des mesures accélérées
peuvent contribuer à réduire les coûts d’atténuation et d’adaptation à long
terme en accélérant l’évolution technologique et la réalisation précoce
de bénéfices jusqu’alors occultés par les imperfections du marché. Une réduction
au cours des années à venir est économiquement intéressante s’il existe
une forte probabilité de rester au-dessous de plafonds qui, sinon, seraient
atteints sur les échelles temporelles caractéristiques des systèmes générateurs
de gaz à effet de serre. Les décisions sur l’atténuation des changements
climatiques dépendent de l’interaction entre l’inertie et les incertitudes,
et produisent un processus décisionnel séquentiel. Les prévisions et l’adaptation
anticipée seront beaucoup plus utiles dans des secteurs ayant des infrastructures
en place pendant longtemps (barrages et ponts, par exemple) et dans lesquels
l’inertie sociale est importante (problèmes d’affectation des droits de
propriété, par exemple). Des mesures d’adaptation anticipatoires peuvent
être très rentables si la tendance anticipée se concrétise. |
GTII TRE Sections 1.3.4 & 2.7.1, GTIII TRE Chapitre 2, GTIII TRE Sections 10.1 & 10.4.2-3, & GTIII TRE Tableau 10.7 | |
5.21 | En raison des décalages temporels,
de l’inertie et de l’irréversibilité qui existent dans le système terrestre,
une mesure d’atténuation ou des décisions technologiques peuvent avoir des
résultats différents, selon le moment où elles ont été prises. Dans
un modèle, par exemple, l’analyse de l’effet théorique d’une réduction totale
des émissions de gaz à effet de serre anthropiques en 1995 sur l’élévation
du niveau de la mer au cours du XXIe siècle dans le Pacifique, a montré
que l’élévation (5 à 12 cm) qui se produirait inévitablement en raison du
réchauffement jusqu’en 1995 serait considérablement inférieure à celle qui
se produirait (élévation de 14 à 32 cm) si cette même réduction d’émissions
était obtenue en 2020. Ceci illustre les enjeux croissants concernant l’élévation
du niveau de la mer résultant des émissions passées et futures, et les conséquences
d’une réduction différée des émissions. |
GTII TRE Sections 2.7.1 & 17.2.1 | |
5.22 | L’inertie technologique
dans les pays moins développés peut être réduite grâce au « saut technologique
» (c’est-à-dire l’adoption de stratégies anticipatoires pour prévenir les
problèmes que connaissent actuellement les sociétés industrielles).
On ne peut pas supposer que les pays en développement adopteront automatiquement
les mêmes voies de développement que les pays industrialisés. Certains pays
en développement, par exemple, ont sauté l’étape des lignes terrestres pour
leurs communications, en passant immédiatement à l’utilisation de téléphones
portables. Les pays en développement pourraient éviter d’avoir recours aux
anciennes méthodes coûteuses en énergie des pays développés, en adoptant
des technologies plus efficaces au plan énergétique, en recyclant plus de
déchets et de produits, et en traitant leurs déchets plus rationnellement.
Ces principes pourraient être mis en œuvre plus facilement au sein de nouvelles
infrastructures et de nouveaux systèmes énergétiques dans les pays en développement,
d’autant que d’importants investissements sont nécessaires de toute façon.
Le transfert de technologies entre les pays et les régions peut réduire
l’inertie technologique. |
GTII TRE Chapitre 2, GTIII TRE Section 10.3.3, RSSE Section 3.3.4.8, & SRTT SPM | |
5.23 | Au vu de l’inertie et de l’incertitude dans les systèmes climatiques, écologiques et socio-économiques, il conviendrait d’envisager la possibilité de marges de sécurité lors de l’établissement de stratégies, objectifs et programmes, afin d’éviter des perturbations dangereuses pour le système climatique. Les objectifs de stabilisation, par exemple pour les concentrations atmosphérique de CO2, la température ou le niveau de la mer, peuvent subir les influences suivantes : .
De même, les décalages temporels influent sur l’adaptation, pour ce qui
est de l’identification des incidences des changements climatiques, l’élaboration
de stratégies d’adaptation efficaces, et la mise en œuvre de mesures d’adaptation.
Des stratégies de couverture et une prise de décisions séquentielle (mesures
itératives, évaluation et mesures révisées) peuvent être des réponses
recommandées face à la combinaison de l’inertie et de l’incertitude. Les
conséquences de l’inertie diffèrent selon qu’il s’agit d’adaptation ou
d’atténuation — l’adaptation étant principalement orientée vers une réponse
à des effets localisés des changements climatiques, alors que l’atténuation
vise à répondre aux incidences sur le système climatique. Décalages temporels
et inertie sont présents dans ces deux domaines, l’inertie suggérant en
général un besoin d’atténuation plus urgent. |
GTII TRE Section 2.7.1 & GTIII TRE Sections 10.1.4.1-3 | |
5.24 | L’omniprésence de l’inertie
et le risque d’irréversibilité dans les systèmes climatiques, écologiques
et socio-économiques justifient en grande partie l’utilité des mesures d’adaptation
et d’atténuation anticipatoires. Si les mesures sont différées, certaines
possibilités d’adaptation et d’atténuation peuvent être perdues à jamais. |
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