Bilan 2001 des changements climatiques :
Conséquences, adaptation et vulnérabilité

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Figure TS 11 : Lieux dans lesquels les études systématiques à long terme rencontrent des critères rigoureux qui décrivent les effets des changements climatiques régionaux relatifs aux températures sur les systèmes physiques et biologiques. Les données sur l’hydrologie, le retrait glaciaire et la glace de mer représentent des tendances décennales ou séculaires. Les données des écosystèmes terrestres et marins représentent les tendances des deux dernières décennies au moins. Les études par télédétection couvrent de vastes zones. Les données relatives aux effets uniques ou multiples correspondent aux mécanismes connus des réactions des systèmes physiques/biologiques sur les changements régionaux observés liés aux températures. Pour les effets rapportés couvrant de larges zones, un site représentatif a été choisi sur la carte.

7. Questions mondiales et synthèse

7.1 Détection de l’incidence des changements climatiques

Les observations indiquent que les changements climatiques au XXe siècle ont déjà touché un ensemble varié de systèmes physiques et biologiques. Des exemples de ces changements observés comprennent le retrait des glaciers; la fonte du pergélisol; la modification des dates de gel et de débâcle sur les cours d’eau et les lacs; les augmentations de la pluviosité et de l’intensité des pluies sous la plupart des moyennes et hautes latitudes de l’hémisphère Nord; la prolongation des saisons de croissance; et la précocité de la floraison des arbres, de l’apparition des insectes et de la ponte chez les oiseaux. Des liens statistiquement significatifs entre les modifications du climat régional et celles observées dans les systèmes physiques et biologiques ont été documentés en ce qui concerne les environnements terrestres, marins et d’eau douce sur tous les continents.[19.2]

L’existence de multiples causes (par exemple changements d’affectation des terres, pollution) fait que l’attribution de nombreux effets observés des changements climatiques régionaux devient un défi complexe. Néanmoins, les études des systèmes soumis à des changements climatiques régionaux importants – dont on connaît la sensibilité – montrent des modifications conformes aux relations bien établies entre les processus climatiques et physiques ou biologiques (modification du bilan énergétique des glaciers et de l’aire de répartition des animaux et les plantes lorsque les températures dépassent les seuils physiologiques, par exemple) dans environ 80 pour cent des cas biologiques et 99 pour cent des cas physiques. Le tableau TS 16 présente environ 450 changements dans des processus ou chez des espèces, associés à des variations de la température régionale, tandis que la figure TS 11 illustre les lieux où ces études ont observé les incidences des variations. Ces cohérences renforcent notre confiance dans les liens établis entre les changements climatiques régionaux et ceux touchant les systèmes physiques et biologiques. Sur la base de ces observations, on peut affirmer avec un degré de confiance élevé que l’évolution du climat au XXe siècle a eu une incidence perceptible sur de nombreux systèmes physiques et biologiques. Les modifications des biotes et des systèmes physiques observées au cours du siècle dernier indiquent que ces systèmes sont sensibles à des changements climatiques modestes par rapport à ceux prévus pour le XXIe siècle. Les archives paléoclimatiques prouvent la grande sensibilité des systèmes biologiques aux changements climatiques à long terme. [ 19.2.2.]

On s’attend à ce que les signaux des effets climatiques régionaux soient plus clairs dans les systèmes physiques et biotiques que dans les systèmes sociaux et économiques, qui subissent simultanément de nombreux stress non climatiques, notamment la croissance démographique et l’urbanisation. Des indications préliminaires suggèrent que certains systèmes sociaux et économiques ont été touchés en partie par les changements climatiques régionaux qui se sont produits au XXe siècle (par exemple dommages croissants causés par des inondations et des sécheresses à certains endroits, avec des augmentations apparentes de l’impact sur les assurances). Les explications coïncidentes ou alternatives de ces effets régionaux ne permettent de déterminer qu’avec un degré de confiance faible à moyen que les changements climatiques affectent ces systèmes. [ 19.2.2.4]

Tableau TS 16 : Processus et espèces associés, selon les études, aux variations des températures régionalesa
Région
Glaciers, couverture/ fonte de neige, glace de lac /cours d’eaub 
Végétation
Invertébrés
Amphibiens et reptiles
Oiseaux
Mammifères
Afrique
1
0
Antarctique
3
2
2
0
2
0
Asie
14
0
Australie
1
0
Europe
29
4
13
1
46
1
7
0
258
92
7
0
Amérique Nord
36
4
32
11
17
4
3
0
Amérique latine
3
0
22
0
15
0
Total
87
10
47
12
46
1
29
0
292
96
10
0
a. On trouve dans les colonnes le nombre d’espèces et de processus dans chaque région associés, selon chaque étude, aux variations des températures régionales. Pour que les données figurent dans le tableau, il fallait que chaque étude démontre que les espèces ou les processus aient changé dans le temps, de même que la température régionale; la plupart des études ont mis en évidence un lien significatif entre la façon dont les températures et les espèces ou processus se modifient. Le premier chiffre indique le nombre d’espèces ou de processus qui se sont modifiés conformément aux prévisions relatives au réchauffement mondial. Le deuxième chiffre correspond au nombre d’espèces ou de processus ayant changé de manière opposée à ces prévisions. Un trait apparaît quand aucune étude ne couvre la région et la catégorie.
b. Glaces de mer non incluses.

7.2 Cinq sujets de préoccupation


Figure TS 12 : Incidences ou risques relatifs aux changements climatiques, par motif de préoccupation. Chaque ligne correspond à une préoccupation; les ombres indiquent la gravité de l’effet ou du risque. Le blanc signifie qu’il n’y a pas, ou virtuellement pas, d’effet neutre ou de risque. Le jaune correspond en quelque sorte aux effets néfastes ou aux risques faibles. Le rouge correspond aux effets plus néfastes ou aux risques plus élevés. Les températures moyennes ont augmenté de 0,6 °C au cours du XXe siècle et elles ont donc eu des incidences. Ces dernières agissent contre les hausses des températures moyennes du globe après 1990. Cette figure traite de la façon dont les incidences et les risques varient tandis que les seuils de hausse des températures moyennes du globe se croisent, et non de la façon dont les incidences ou les risques varient selon les différents rythmes de changement climatique. Ces températures devraient être considérées comme des indications approximatives des incidences et non comme des seuils absolus.

Certaines des connaissances actuelles sur les effets des changements climatiques, la vulnérabilité et l’adaptation sont résumées dans les pages suivantes par l’analyse de cinq sujets de préoccupation : les systèmes uniques et menacés, les effets généraux dans le monde, la distribution des effets, les phénomènes météorologiques extrêmes et les bouleversements à grande échelle. L’examen de ces sujets aide à mieux comprendre les vulnérabilités et les avantages potentiels associés aux changements climatiques causés par l’activité humaine, ce qui peut faciliter la réflexion des décideurs quant à ce qui pourrait constituer une interférence dangereuse avec le système climatique dans le cadre de l’article 2 de la CCNUCC. Aucune dimension n’est prépondérante.

La figure TS 12 présente des résultats qualitatifs sur les effets des changements climatiques relatifs aux sujets de préoccupation. Avec une hausse réduite de la température moyenne mondiale3, certains des sujets montrent un potentiel d’effet néfaste tandis que d’autres indiquent peu de répercussions négatives ou de risque. Lorsque les hausses de température sont élevées, tout indique un potentiel d’effet néfaste, avec une augmentation du caractère négatif à mesure que les températures s’élèvent. On obtient un degré de confiance élevé pour la relation générale entre les incidences et les hausses de température, mais la confiance est habituellement basse lorsqu’on essaie d’estimer des seuils de changement des températures auxquels différentes catégories de répercussions pourraient se produire. [ 19.8]

7.2.1 Systèmes uniques et menacés

De faibles hausses de la température moyenne du globe pourraient causer des dommages importants et irréversibles à certains systèmes et espèces, y compris des pertes possibles à l’échelle locale, régionale ou mondiale. Certaines espèces végétales et animales et certains systèmes et établissements humains sont très sensibles au climat et seront probablement affectés négativement par les changements associés aux scénarios de réchauffement moyen du globe de <1 °C. Les effets néfastes sur les espèces et les systèmes deviendraient plus nombreux et plus graves avec les changements accompagnant un réchauffement de 1–2 °C et devraient très probablement être encore plus nombreux et plus graves à des températures plus élevées. Plus la vitesse et l’ampleur du réchauffement et des autres changements climatiques seraient importantes, plus il est probable que les seuils critiques des systèmes seraient dépassés. Nombre de ces systèmes sont menacés par les changements climatiques parce qu’ils sont soumis à des pressions non climatiques associées à l’utilisation des terres par les humains, aux changements d’affectation des terres et à la pollution. [19.3]

Les espèces qui peuvent être menacées d’extinction à l’échelle locale ou mondiale par les changements climatiques pouvant accompagner une hausse réduite de la température moyenne du globe comprennent les espèces extrêmement menacées, soit généralement les espèces dont l’aire de répartition est peu étendue ou dont la densité est faible, les espèces qui ont des besoins limités d’habitat, et les espèces dont les habitats adéquats ont une répartition morcelée, en particulier si elles subissent un stress dû à l’utilisation des terres par les humains et aux modifications de la couverture terrestre. Voici des exemples d’espèces qui pourraient être menacées par des changements mineurs : oiseaux forestiers en Tanzanie, le couroucou royal en Amérique centrale, le gorille de montagne en Afrique, les amphibiens endémiques aux forêts d’altitude des néotropiques, l’ours à lunettes des Andes, le tigre du Bengale et d’autres espèces endémiques aux terres humides des Sundarbans ainsi que les espèces végétales sensibles aux pluies endémiques au Floral Kingdom du Cap, en Afrique en Sud. Les systèmes naturels qui pourraient être menacés comprennent les récifs coralliens, les mangroves, et d’autres terres humides côtières; les écosystèmes subalpins limités aux 200-300 m au sommet des zones montagneuses; les terres humides des prairies; les prairies indigènes restantes; les habitats de poissons d’eau froide et certains habitats de poissons d’eau tempérée; les écosystèmes qui recouvrent le pergélisol; et les écosystèmes de lisière de glace qui fournissent des habitats aux ours polaires et aux pingouins. Les établissements humains qui pourraient être très vulnérables aux changements climatiques et à l’élévation du niveau de la mer susceptibles d’être associés à un réchauffement moyen à élevé comprennent certains établissements situés dans des zones côtières et des îles basses, des plaines inondables et des coteaux – en particulier les établissements défavorisés sur le plan socio-économique comme les bidonvilles et d’autres peuplements informels. D’autres établissements susceptibles d’être menacés sont ceux constitués par les populations autochtones, qui dépendent beaucoup de ressources naturelles sensibles aux changements climatiques. [19.3]



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