G. COMMENT FAVORISER UNE MEILLEURE COMPRÉHENSION
Figure TS 28 — Ensemble des incertitudes dans les projections,
à prendre en compte lors de l’élaboration de scénarios
climatiques et apparentés pour évaluer l’incidence des
changements climatiques, l’adaptation à ces changements et
leur atténuation. [Basé sur la Figure
13.2] |
Les sections précédentes
sont consacrées à la description de l’état actuel de
nos connaissances au sujet du climat passé et présent, de notre
compréhension actuelle des agents de forçage et des processus propres
au système climatique ainsi que de la qualité de leur représentation
dans les modèles de climat. Compte tenu de l’état actuel de
nos connaissances, on a présenté la meilleure évaluation
possible de l’éventualité d’un changement climatique
imputable à l’activité humaine. A l’aide des meilleurs
outils dont on dispose actuellement, des projections ont été effectuées
quant à la façon dont le climat pourrait changer à l’avenir
selon différents scénarios d’émissions de gaz à
effet de serre.
Dans cette section, nous envisageons l’avenir d’une façon
différente. On fait face à des incertitudes à chaque étape,
depuis les émissions de gaz à effet de serre et d’aérosols
jusqu’à leurs répercussions sur le système climatique
et la société (voir la figure TS 28).
De nombreux facteurs continuent de limiter notre aptitude à détecter
un éventuel changement climatique, à en déterminer les
causes, à le comprendre et à prévoir son évolution
future. Les travaux ont besoin d’être poursuivis dans neuf grands
domaines.
G.1 Données
Mettre fin au déclin des réseaux d’observation dans de
nombreuses régions du monde. Faute d’une amélioration
sensible de ces réseaux, il pourrait être difficile, voire impossible,
de détecter les changements climatiques dans de nombreuses parties du globe.
Elargir les bases observationnelles des études du climat, de manière
à obtenir des données fiables d’une portée plus vaste
dans le temps et dans l’espace. Etant donné la complexité
du système climatique et le caractère intrinsèquement pluridécennal
des processus en cause, on a besoin de données cohérentes à
long terme pour appuyer les recherches et les projections relatives aux changements
du climat et de l’environnement. On a besoin à la fois de données
sur le présent et le passé récent et de données
climatologiques sur les derniers siècles comme sur les derniers millénaires.
On manque particulièrement de données sur les régions polaires
et de données permettant une évaluation quantitative des phénomènes
extrêmes à l’échelle mondiale.
G.2 Processus climatiques et modélisation
Estimer plus précisément les émissions et les concentrations
futures de gaz à effet de serre et d’aérosols. Il est
particulièrement important que des améliorations soient apportées
à la détermination des concentrations résultant des émissions
de gaz et notamment d’aérosols, à l’analyse des phénomènes
de fixation biogéochimique et des processus cycliques et, en particulier,
à la détermination de la distribution dans l’espace et dans
le temps des sources et des puits de CO2, actuellement et à
l’avenir.
Comprendre et mieux cerner les processus primordiaux (par exemple le brassage
des océans) et les rétroactions (notamment celles qui intéressent
les nuages et les glaces de mer) dans l’atmosphère, dans les biotes,
à la surface des terres émergées et des océans et
dans les profondeurs océaniques. Ces sous-systèmes, ces phénomènes
et ces processus sont importants et réclament une attention accrue si l’on
veut améliorer d’une façon générale les capacités
de prévision. La complémentarité des observations et des
modèles sera la clé d’éventuels progrès. Le
forçage rapide d’un système non linéaire a de grandes
chances de nous réserver des surprises.
Traiter plus à fond les configurations de la variabilité à
long terme du climat. Cette question se pose à la fois pour les calculs
des modèles et pour le système climatique lui-même. Dans
les simulations, la question de la dérive climatique dans les calculs
des modèles a besoin d’être éclaircie, parce qu’elle
ajoute à la difficulté de distinguer signal et bruit. En ce qui
concerne la variabilité naturelle à long terme du système
climatique à proprement parler, il importe de comprendre cette variabilité
et de développer la capacité naissante de prévoir les configurations
d’une variabilité organisée telle que celle qui correspond
au phénomène ENSO.
Etudier plus à fond le caractère probabiliste des états
possibles du climat futur en élaborant des ensembles multiples de calculspar
modèle. Le système climatique est un système chaotique
couplé non linéaire, ce qui rend impossible la prévision
à long terme d’états exacts du climat futur. Il importe
donc de se concentrer sur la prévision de la distribution probabiliste
des états futurs possibles du système en produisant des ensembles
de solutions issues de modèles.
Améliorer la hiérarchie intégrée des modèles
climatiques mondiaux et régionaux en s’attachant à faire
progresser la simulation des incidences régionales et des phénomènes
météorologiques extrêmes. Cela nécessitera une
meilleure compréhension du couplage entre les grands systèmes
atmosphériques, océaniques et terrestres ainsi qu’un large
recours aux modèles diagnostiques et aux études d’observation
afin d’évaluer et d’améliorer les résultats
obtenus par simulation. La qualité des données utilisées
pour traiter la question des changements dans les phénomènes extrêmes
est particulièrement importante.
G.3 Aspects humains
Lier plus concrètement les modèles climato-biogéochimiques
et les modèles du système humain, afin de permettre une exploration
plus large des éventuelles relations de cause à effet entre les
éléments humains et non humains du système planétaire.
Actuellement, les influences humaines ne sont généralement traitées
qu’à travers des scénarios d’émissions prévoyant
un forçage externe du système climatique. A l’avenir, il faudra
des modèles plus complets, où les activités humaines puissent
avoir des incidences sur la dynamique des sous-systèmes physiques, chimiques
et biologiques et vice-versa par le biais d’un ensemble d’activités,
de rétroactions et de réponses.
G.4 Cadre international
Accélérer à l’échelle internationale les
progrès de notre compréhension des changements climatiques en renforçant
le cadre international nécessaire pour coordonner les efforts nationaux
et institutionnels, afin qu’il puisse être fait bon usage des moyens
de recherche, de calcul et d’observation pour le plus grand profit de tous.
Il existe des prémisses de ce cadre dans les programmes internationaux
appuyés par le Conseil international pour la science (CIUS), l’Organisation
météorologique mondiale (OMM), le Programme des Nations Unies pour
l’environnement (PNUE) et l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation,
la science et la culture (UNESCO). Parallèlement, il convient de resserrer
la coopération au sein des milieux de la recherche, de renforcer les capacités
de recherche de nombreusesrégions et, ce qui est le but de la présente
évaluation, de décrire les progrès de la recherche d’une
manière qui favorise le processus de décision.