Les aérosols d’origine anthropique ont une durée de vie
courte dans l’atmosphère et la plupart d'entre eux produisent un
forçage radiatif négatif.
- Les principales sources d'aérosols anthropiques sont la combustion
des combustibles fossiles et de la biomasse. Ces sources sont également
liées à la dégradation de la qualité de l'air
et aux retombées acides.
- Depuis le Deuxième Rapport d'évaluation, des progrès
significatifs ont été enregistrés en ce qui concerne
une quantification plus précise des rôles radiatifs directs des
différents types d'aérosols. On estime que le forçage
radiatif direct est de -0,4 Wm-2 pour les sulfates, de -0,2 Wm-2
pour les aérosols provenant de la combustion de la biomasse, de -0,1
Wm-2 pour les aérosols carbonés organiques provenant
de la combustion des combustibles fossiles et de +0,2 Wm-2 pour
les aérosols carbonés noirs provenant de la combustion des combustibles
fossiles. Les experts sont beaucoup moins confiants dans leur capacité
à quantifier l'effet direct total des aérosols et son évolution
dans le temps que l'effet et l'évolution des gaz susmentionnés.
Les aérosols varient également considérablement selon
les régions et réagissent rapidement aux changements dans les
émissions.
- Outre leur forçage radiatif direct, les aérosols ont un forçage
radiatif indirect de par leurs effets sur les nuages. Il existe aujourd'hui
davantage d'éléments de preuve de l’existence de cet effet
indirect, qui est négatif, mais dont l'ampleur reste très incertaine.
Au siècle dernier, les facteurs naturels n'ont que peu contribué
au forçage radiatif.
- Le forçage radiatif dû aux changements dans le rayonnement
solaire observés depuis 1750 est estimé à environ +0,3
Wm-2, et la plus grosse partie de ce forçage est survenue
au cours de la première moitié du XXe siècle. Depuis
la fin des années 70, les instruments embarqués sur les satellites
ont observé de faibles oscillations dues au cycle solaire de 11 ans.
On a proposé un certain nombre de mécanismes visant à
amplifier les effets du Soleil sur le climat, mais ces mécanismes ne
peuvent pour le moment s'appuyer sur des théories ou des observations
rigoureuses.
- Les aérosols stratosphériques émis lors des éruptions
volcaniques explosives engendrent un forçage négatif qui dure
quelques années. Plusieurs éruptions majeures ont eu lieu au
cours des périodes 1880 - 1920 et 1960 - 1991.
- Selon les estimations, l'évolution combinée du forçage
radiatif due aux deux principaux facteurs naturels (la variation du rayonnement
solaire et les aérosols volcaniques) a été négative
ces 20, voire 40 dernières années.
Il y a une confiance accrue dans la capacité des modèles à
projeter l'évolution future du climat
Figure SPM 4 — La simulation des variations de température
de la Terre et la comparaison des résultats aux changements mesurés
permettent de mieux connaître les causes profondes des principaux
changements.
Un modèle climatique peut être utilisé pour simuler
les changements de température dus à la fois à des
causes naturelles et à des causes anthropiques. Les simulations représentées
par la bande large dans a) n'ont été effectuées qu'avec
les forçages naturels: la variation du rayonnement solaire et de
l'activité volcanique. Les simulations comprises dans la bande large
de la Figure b) ont été effectuées avec les forçages
anthropiques: les gaz à effet de serre et une estimation des aérosols
sulfatés, et les estimations comprises dans la bande large de la
Figure c) ont été effectuées à la fois avec
les forçages naturels et avec les forçages anthropiques. La
Figure b) montre que l'inclusion des forçages anthropiques offre
une explication plausible pour une partie importante des changements de
température observés au siècle dernier, mais la correspondance
la plus étroite avec les observations est obtenue dans la Figure
c), dans laquelle sont inclus à la fois les facteurs naturels et
les facteurs anthropiques. Ces résultats montrent que les forçages
inclus sont suffisants pour expliquer les changements observés, sans
exclure pour autant la possibilité que d'autres forçages puissent
eux aussi avoir contribué à ces changements. Les bandes larges
des résultats du modèle présentées ici ont été
obtenues en appliquant à quatre reprises le même modèle.
Des résultats semblables à ceux de la Figure b) ont été
obtenus avec d'autres modèles incluant le forçage anthropique.
[Basé sur le Chapitre 12, Figure
12.7]. |
Des modèles climatiques complexes basés
sur des éléments physiques sont nécessaires pour obtenir
des estimations détaillées des rétroactions et des caractéristiques
régionales. Ces modèles ne sauraient cependant simuler tous les
aspects du climat (par exemple ils ne peuvent toujours pas rendre pleinement compte
de la tendance, observée depuis 1979, à une différenciation
entre les températures à la surface de la terre et dans la troposphère)
et il existe des incertitudes particulières associées aux nuages
et à leur interaction avec les radiations et les aérosols. Les experts
ont toutefois davantage confiance aujourd'hui dans la capacité de ces modèles
à fournir des projections utiles de l'évolution future du climat,
car ces modèles ont prouvé leur efficacité pour des lieux
et des périodes donnés.
- Les connaissances relatives à l'évolution du climat et leur
incorporation dans les modèles climatiques se sont améliorées,
notamment en ce qui concerne la vapeur d'eau, la dynamique des glaces de mer
et le transport thermique océanique.
- Certains modèles récents produisent des simulations satisfaisantes
du climat actuel sans que l'on ait besoin de procéder à des
ajustements non physiques des flux de chaleur et d'eau à l'interface
entre les océans et l'atmosphère, comme cela avait é
té le cas pour les modèles précédents.
- Les simulations comprenant des estimations du forçage naturel et
anthropique reproduisent les changements à grande échelle observés
dans la température à la surface tout au long du XXe siècle
(figure SPM 4). Mais les contributions de certains
autres processus et forçages n'ont parfois pas été incluses
dans les modèles. Il n'en demeure pas moins que le degré de
cohérence, à grande échelle, entre les modèles
et les observations permet de contrôler de manière indépendante
les projections des taux de réchauffement au cours des prochaines décennies
en fonction de tel ou tel scénario d'émissions.
- Certains aspects des simulations à l’aide de modèles
de l'ENSO, des moussons et de l'oscillation de l'Atlantique Nord, de même
que de certaines périodes climatiques passées ont été
améliorés.
De nouvelles preuves, mieux étayées que par le passé,
viennent confirmer que la majeure partie du réchauffement observé
ces 50 dernières années est imputable aux activités humaines
Le Deuxième Rapport d'évaluation concluait qu’un faisceau
d'éléments suggère qu'il y a une influence perceptible de
l'homme sur le climat global. Ce rapport faisait également observer que
le signal anthropique continuait à s'inscrire dans le contexte de la variabilité
naturelle du climat. Depuis la publication de ce document, des progrès
significatifs ont été enregistrés dans la réduction
des incertitudes, notamment en ce qui concerne la définition et la quantification
de l'ampleur des réactions aux différentes influences externes.
Bien que de nombreuses sources d'incertitude identifiées dans le Deuxième
Rapport d'évaluation subsistent encore aujourd'hui dans une certaine mesure,
de nouveaux éléments de preuve et une meilleure compréhension
des phénomènes permettent une mise à jour de ces conclusions.
- La période de relevé des températures est aujourd'hui
plus longue, les données ont été étudiées
de plus près et il existe de nouvelles estimations de la variabilité
basées sur des modèles. Il est très improbable7
que le réchauffement observé ces 100 dernières années
soit dû à la seule variabilité interne, comme l'estiment
les modèles actuels. Les reconstitutions des données climatiques
pour les 1000 dernières années (figure
SPM 1b) montrent également que ce réchauffement a été
inhabituel et qu'il est improbable7
qu'il soit entièrement d'origine naturelle.
- Il existe de nouvelles estimations de la réaction du climat aux forçages
naturel et anthropique, et de nouvelles techniques de détection ont
été appliquées. Les études de détection
et d'attribution prouvent presque toutes qu'il y a un signal anthropique dans
les relevés climatiques des 35 à 50 dernières années.
- Les simulations de la réaction aux forçages naturels (c'està-dire
la réaction à la variabilité du rayonnement solaire et
des éruptions volcaniques) n'expliquent pas, à elles seules,
le réchauffement survenu au cours de la seconde moitié du XXe
siècle (voir par exemple figure SPM 4a). Elles
indiquent cependant que les forçages naturels peuvent avoir contribué
au réchauffement observé pendant la première moitié
du XXe siècle.
- Il est aujourd’hui possible d'identifier le réchauffement de
ces 50 dernières années dû aux gaz anthropiques à
effet de serre, et ce malgré les incertitudes existantes en ce qui
concerne le forçage imputable aux aérosols sulfatés anthropiques
et à des facteurs naturels (volcans et rayonnement solaire). Le forçage
des aérosols sulfatés anthropiques, bien qu'incertain, est négatif
sur cette période et ne peut donc pas expliquer le réchauffement.
Les changements intervenus dans le forçage naturel pendant la plus
grande partie de cette période sont eux aussi estimés comme
négatifs et il est improbable7
qu'ils puissent expliquer le réchauffement.
- Les études de détection et d'attribution qui comparent les
changements simulés par les modèles avec les relevés
directs sont aujourd'hui en mesure de tenir compte des incertitudes dans l'ampleur
de la réaction modélisée au forçage extérieur,
en particulier celle due aux incertitudes dans la sensibilité climatique.
- La plupart de ces études montrent qu'au cours des 50 dernières
années, la rapidité et l'ampleur estimées du réchauffement
dû à la seule augmentation des concentrations de gaz à
effet de serre sont soit comparables soit plus importants que le réchauffement
observé. De plus, la plupart des estimations obtenues par modélisation
qui tiennent compte à la fois des gaz à effet de serre et des
aérosols sulfatés correspondent aux observations faites au cours
de cette période.
- Comme le montre la figure SPM 4c), c'est lorsque
tous les facteurs anthropiques et de forçage naturel susmentionnés
sont combinés, que la correspondance entre les simulations effectuées
au moyen des modèles et les observations faites ces 140 dernières
années est la plus étroite. Ces résultats indiquent que
les forçages inclus sont suffisants pour expliquer les changements
observés, sans négliger pour autant la possibilité que
d'autres forçages aient eux aussi contribué à ces changements.
Compte tenu des nouveaux éléments de preuve obtenus et des incertitudes
qui subsistent encore, l'essentiel du réchauffement observé ces
50 dernières années est probablement7
dû à l'augmentation des concentrations de gaz à effet de
serre.
Qui plus est, il est très probable7
que le réchauffement survenu au XXe siècle ait contribué
de façon significative à l'élévation du niveau de
la mer qui a été observée, du fait de la dilatation thermique
de l'eau de mer et des pertes importantes de glace sur les terres émergées.
En tenant compte des incertitudes actuelles, les observations comme les modèles
sont cohérents avec l'absence d'accélération importante
de l'élévation du niveau de la mer au cours du XXe siècle.